Un apiventurier, c’est quoi ? Interview avec Alban Mauzac
Quand le métier d’apiculteur et la passion de l’aventure s’entremêlent, cela crée un parcours unique et inspirant !
Aujourd’hui, on vous (re)présente Alban Mauzac, alias l’apiventurier ! On l’a accompagné durant 3 années, sur ses 4 dernières aventures ! Alban partage son engagement environnemental à travers des expéditions épiques et vous en dit un peu plus dans cette interview :
Être apiventurier, c’est quoi pour toi ?
Être apiventurier, c’est simplement la combinaison des deux métiers que j’exerce au quotidien et qui sont devenus complémentaires. Avec les difficultés que l’on rencontre aujourd’hui en ce qui concerne les insectes pollinisateurs, les arbres, le manque d’eau et l’environnement de manière générale, il est nécessaire d’agir à notre échelle. C’est pourquoi en plus de l’apiculture, j’essaie de mettre en place des projets sportifs ayant des actions concrètes comme la plantation de plants mellifères, le don d’essaim à des apiculteurs dans le besoin et des actions de sensibilisation dans les écoles, les mairies ou tout autre établissement qui me demande d’intervenir.
Peux-tu nous rappeler les différentes missions qui constituaient le Sämmen project ? Et leur chronologie ?
Après ma première grosse expédition, l’expédition Pelagos en 2021, j’ai voulu frapper un grand coup en créant un projet regroupant 4 expéditions.
La première fut l’expédition Ride Against Plastic, qui consistait à effectuer un Tour de France en bikepacking sur plus de 1700km afin d’organiser des ramassages de déchets sur quelques-unes des plus grosses villes de France avec l’association Clean Walkers.
Puis 1 mois après être rentré, je suis parti pour l’expédition Climb for Wildlife dont l’objectif était de partir gravir 20 sommets de plus de 3000 mètres d’altitude en France. Pour chaque sommet atteint, nous avons reversé 100€ à l’association FERUS qui est engagée dans la protection de la faune sauvage française.
En 2023, je suis parti pour l’expédition Bee or Die, l’objectif était de faire la descente de la Loire en kayak en partant de Roanne pour rejoindre Saint Nazaire avec un ami (Alexandre) et de convertir tous les 10km parcourus en un essaim d’abeille d’une valeur de 150€. Nous avons parcouru 720km en 12 jours ce qui représente plus de 10 800€ de don en essaims, à ce jour nous en avons déjà distribué 43, le reste des essaims sera distribué au printemps prochain.
Actuellement, je prépare la traversée des Alpes à VTT en partant du lac Léman pour rejoindre la côte méditerranéenne, l’arrivée est encore à déterminer.
Cette fois-ci l’idée est de planter un plant fruitier ou mellifère par kilomètre parcouru, et il y en aura environ 800. Ces plants seront plantés dans des jardins collectifs, des écoles, ou dans des communes. Il sera également possible de participer au financement de cette aventure grâce à une cagnotte en ligne qui permettra de planter des plants mellifères chez vous ! Soyez prêt pour l’expédition Trees for Life 2024 😉
Laquelle de ces 4 expéditions s’est le mieux passée et pourquoi ? As-tu une préférée ?
Pour l’instant, chaque expédition s’est très bien passée. Quand on part dans ce genre de projet on sait très bien que le programme initial sera toujours modifié et ce fut le cas pour les trois expéditions. Chaque expédition m’apporte quelque chose de différent, pour la première c’était d’apprendre à être seul, seul sur plus de 1700 km, avec quelques échanges sociaux express, mais le reste du temps j’étais seul avec mon vélo. C’est quelque chose de dur à aborder la solitude dans ce genre de contexte où l’on va dans ses retranchements les plus profonds, la seule source de motivation c’est nous même et ce projet que l’on porte. La famille et les amis sont là, mais à des centaines de kilomètres au bout du fil, on ne peut compter que sur soi-même.
La deuxième expédition m’a fait aller plus loin dans l’humilité qu’il faut avoir en montagne surtout à plus de 3000 mètres d’altitude. Chaque geste compte, l’attention doit être de tous les instants car tout peut basculer en quelques fractions de secondes…
La troisième expédition fut la première où j’ai puisé au fin fond de moi même d’un point de vue physique et moral. En effet, nous avons dû faire entre 50 et 90 km tous les jours, nous nous levions vers 5h30-6h du matin pour pagayer le plus possible chaque jour. Nous dormions mal, avec un confort spartiate (pas de douche chaude, une tente et un matelas gonflable en guise de lit ), le soleil nous brûlait les mains et la réverbération attaquait nos yeux. Nous avons eu de la pluie durant plusieurs jours et un vent de face durant la moitié du séjour, il y eut même une journée où nous avons été obligés d’abandonner et de nous arrêter à 12h car chaque seconde où on ne pagayait pas, nous faisions marche arrière… Malgré cela, nous avons réussi à gagner deux jours sur le planning initial et cela restera un souvenir gravé à jamais dans nos esprits.
À l’inverse, laquelle t’a posé le plus de difficultés ? Quelles embûches as-tu rencontrées durant ces aventures ?
L’aventure qui m’a donc posée le plus de difficultés est la descente de la Loire en kayak, les trois premiers jours on ne pensait pas y arriver avec Alexandre. Mais ça on se l’est dit après, car on savait qu’il fallait aller jusqu’au bout… Puis on a réussi à passer ce cap que l’on pensait insurmontable durant les trois premières journées, et je peux vous assurer que 3 jours à pagayer de 6h du matin à 18h-19h c’est très long…
Après ce fut les douleurs dans le dos, les trapèzes et les bras qui furent délicates à dompter, chaque jour, durant les 2-3 premières heures nous étions très calmes, parlions peu et étions concentrés car l’un comme l’autre nous ressentions l’acide lactique qui n’avait pas pu être évacué à 100% et qui nous causait ces courbatures, ou alors les épaules qui mettaient du temps à chauffer et nous lançaient pendant de longues minutes. Étant dans un mode minimaliste sans équipe de soin, sans douche chaude ni moyens de récupération appropriés, il est évident qu’il fallait faire avec ces aléas, qui au final nous rendent heureux d’avoir traversé ces épreuves.
Qu’est ce qui t’a le plus marqué durant ces 2 ans ?
J’ai plein de beaux souvenirs lors de ces aventures et il n’y en a pas une qui sort du lot car on est sur des sujets qui sont tellement différents. Par exemple, je me souviens du départ de l’expédition Ride Against Plastic à Toulon où j’avais les larmes aux yeux de voir toute ma famille qui s’était déplacée pour venir me dire au revoir, mais j’ai également de très beaux souvenirs de l’expédition Climb for Wildlife où nous avons assisté à de magnifiques levers de soleil à plus de 3000m en étant partis de nuit à la frontale, avec des températures négatives un vent glacial et violent, des précipices vertigineux que nous devinions à peine car il faisait nuit…
Puis, au bout de quelques heures de marche, un paysage magnifique se dévoile devant nous, nous avons les larmes aux yeux mais pas à cause du froid et du vent glacial, nous avions les larmes aux yeux car nous savions que c’est ainsi que nous nous sentions libres. Lors de l’expédition Bee or Die en kayak, je me souviens de ces moments magiques tôt le matin quand la nature se réveille, que les oiseaux chantent par centaines, la proue de nos kayak fendait l’eau sans un bruit et nous ne voyions rien car un épais brouillard ne nous laissait voir que des tronçons de 10 m, nous laissant que peu de temps pour réagir face aux tumultes de la Loire et de ses obstacles… Chaque aventure est unique et restera gravée d’une manière ou d’une autre dans ma mémoire.
Quel est le résultat de tout ça ? L’impact final ?
Les résultats sont divers, d’un point de vue médiatique c’est plusieurs dizaines d’articles dans les journaux et les blogs, des passages radios et deux passages télé. Sur les réseaux sociaux c’est des centaines de milliers de personnes touchées par les publications. Certaines ont fait plus d’un million de vues, c’est quelque chose que je trouve intéressant car on touche un public qui ne se serait pas forcément intéressé aux sujets que j’aborde lors de ces projets.
Les résultats en termes d’action, c’est plus de 326,5 kilos ramassés avec 250 participants lors des ramassages, 2000€ reversés à l’association FERUS et 43 essaims distribués à des apiculteurs dans le besoin.
Ce sont des actions concrètes qui permettent non seulement de sensibiliser, mais également d’agir sur le terrain.
Les résultats en termes d’évolution sont bien plus intéressants, effectivement en multipliant le nombre d’articles, le nombres de contacts et d’expériences je rencontre de nombreuses personnes qui me donnent des opportunités comme être intervenant sur le festival Game of Trees ou sur certains Trails, mais j’ai eu la chance d’intervenir dans de nombreuses structures scolaires, des médiathèques ou des missions locales. C’est une partie de mon travail qui me plaît vraiment car cela permet de montrer au plus grand nombre qu’il est possible de faire et de vivre autrement. Bien sûr cela n’est qu’un début mais j’ai hâte de découvrir la suite…
Ce que j’en retire c’est simplement un grand apprentissage sur moi-même, des expériences inouïes, des rencontres formidables, de belles remises en question et une envie de continuer.
Quoi de beau pour la suite ?
La suite, comme j’ai pu le mentionner plus haut, c’est la préparation de l’expédition Trees for Life qui débutera fin août 2024 et qui se terminera fin septembre 2024. L’objectif sera de rejoindre la Méditerranée à VTT en partant du lac Léman. Avant cela, je déjà fais une petite aventure de 260 km en VTT afin d’introduire l’expédition Trees for Life et de tester mon matériel et sa configuration sur le vélo. Ce parcours de 260 km est appelé la Transverdon, l’aventure s’est déroulée entre fin novembre et le 4 décembre 2023 par une journée sensibilisation et plantation dans un établissement scolaire à Ollioules à l’arrivée.
J’espère avoir attisé votre curiosité afin que vous veniez suivre ces aventures sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie et je vous souhaite tout le courage nécessaire pour vous lancer dans la réalisation de vos rêves…
L’histoire d’Alban prouve que la passion et l’engagement peuvent vraiment faire bouger les choses. Entre ses expéditions et ses actions concrètes pour l’environnement, il nous inspire à prendre des initiatives pour un avenir plus durable. Et cette année, il ne compte pas s’arrêter là !
Alban se lance dans 3 nouvelles aventures :
- Le GR 42 : plus de 450 km en totale autonomie
- La TransVerdon en VTT : 260 km en 10 jours
- Et la dernière : 7 jours, 7 sensibilisations à travers le Var, avec une remorque pédagogique pour sensibiliser les écoles, médiathèques et communes !
Chaque kilomètre qu’il parcourt sera transformé en un plant fruitier ou mellifère, distribué à des jardins partagés, écoles ou projets collectifs, avec le soutien de la MAIF.
Retrouvez ses aventures sur son compte Instagram ➡️ @l.apiventurier