Lökki partage son expérience : notre tout premier bilan carbone

éthique - 12/09/2024

En 2022, nous avons réalisé notre tout premier Bilan Carbone en nous basant sur nos données d’activité de l’année 2021. On vous embarque pour vous expliquer en quoi ça consiste, comment on s’y est pris et ce qu’on en a tiré !

Un projet co-financé par l’ADEME

Nous avons eu la chance de bénéficier d’une subvention par l’ADEME, via le dispositif Tremplin* qui a permis de prendre financièrement en charge presque 80% de notre bilan carbone scope 3 (soit une aide de 5000 €). Nous en sommes extrêmement reconnaissants car c’est un projet qui aurait coûté cher à notre jeune entreprise ! Ce n’est pas parce que l’on a peu de moyens que l’on ne s’intéresse pas à la transition écologique.

Nous avons choisi de travailler avec Solène Dargaud pour réaliser ce bilan carbone. Solène a mille casquettes, dont celle d’ingénieur, mais elle se définit comme « Facilitatrice en intelligence collective, Facilitatrice graphique et formatrice Freelance ».

*Voici le lien pour les intéressé.es : tremplin-pour-la-transition-ecologique-Ademe

La méthodologie du bilan carbone

 

La méthode Bilan Carbone® a pour objectif de permettre à une entreprise d’estimer ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces émissions sont générées directement par le site de l’entreprise (par ses activités de production par exemple) mais aussi indirectement (par l’achat de matières premières par exemple, dont la production a généré des émissions). C’est aussi un superbe outil de management environnemental : il pointe du doigt les plus gros postes d’émission de GES et nous incite donc à travailler sur ces postes en priorité, grâce à l’établissement d’un plan d’action. Il faut le visualiser comme une photographie de l’ensemble des émissions de GES d’une organisation à un moment précis. En réalisant un nouveau bilan carbone (quelques années après par exemple), on peut comparer l’évolution des émissions de GES et voir si l’on s’est améliorés suite au déploiement de notre plan d’action.

Le bilan carbone s’intéresse à 3 « scopes » différents :

  • Scope 1 : les émissions directes de GES (sources internes) ; elles sont induites par la combustion d’énergies fossiles de ressources possédées ou contrôlées par notre entreprise ; globalement, ça veut dire « toutes les émissions directes générées par l’entreprise »
  • Scope 2 : les émissions indirectes de GES (sources intermédiaires) ; elles sont induites par l’achat ou la production d’électricité ; globalement, ça recouvre l’utilisation directe de combustibles pour le chauffage et les procédés industriels, mais aussi l’électricité que l’on achète pour assurer notre production.
  • Scope 3 : les autres émissions indirectes des GES (sources amont) ; elles correspondent aux achats de produits ou de services (consommables, téléphones), aux déplacements domicile-travail des salariés, aux transports des visiteurs/clients, aux immobilisations de biens… ; globalement, ça veut dire tout ce qui rentre physiquement dans l’entreprise : les matières premières utilisées dans les recettes, les bouteilles et bouchons, le matériel de bureau, les produits de nettoyage…

Certaines entreprises s’arrêtent aux scopes 1 et 2. Mais pour nous, cette démarche est complètement hypocrite car le scope 3 représente souvent plus des ¾ des émissions de GES d’une entreprise ! Alors forcément, si l’on ne s’intéresse pas aux sujets qui fâchent, c’est tout de suite plus facile d’avoir un bilan carbone clean 😉 Prenons l’exemple des géants du pétrole : chez ce type d’entreprise (nous ne les nommerons pas mais vous avez forcément un nom en tête), le scope 3 c’est facilement 90% du total des émissions de l’entreprise, du fait de la nature fossile de ses produits et de l’utilisation finale qui en est faite par ses clients. Fort heureusement, la prise en compte du scope 3 est obligatoire depuis le 1er janvier 2023 pour les entreprises de plus de 500 salariés.

 

Fresque du climat avec l’équipe au complet, sur fond d’ambiance Covid…


Avant le bilan carbone : il faut motiver son équipe !

 

Nina, notre co-fondatrice particulièrement attachée à l’impact carbone de notre activité, nous a proposé de commencer ce projet d’une manière singulière : avec une Fresque du Climat ! C’est donc Solène, formatrice Fresque du Climat (on dit aussi « Fresqueuse ») qui est venue dans nos locaux afin de proposer à toute l’équipe Lökki une Fresque du Climat. En deux mots, c’est une sensibilisation d’environ 3 heures au changement climatique, organisée sous la forme d’un atelier ludique en intelligence collective. Lors de cet atelier d’intelligence collective, les participant·es reconstituent les liens de cause à effet des changements climatiques, et explorent ensuite les actions à entreprendre dans le cadre personnel et professionnel.

L’équipe en est ressortie bouleversée, consciente, parfois apeurée, mais avec une envie commune : celle d’agir au moins à l’échelle professionnelle pour essayer de réduire notre impact ! Tout ce qu’il faut pour se lancer dans un bilan carbone, non ? Bien joué Nina 😉

 

Pendant : la récolte des données

 

Un bilan carbone, ça commence par une collecte de données gargantuesque si l’on se lance jusqu’au scope 3.

Il faut TOUT connaître et ressortir les « preuves » de ce qu’il s’est passé sur l’année :

  • Les données d’activité globales : le chiffre d’affaires, le nombre de produits vendus, le nombre de salariés
  • Les consommations énergétiques (électricité, clim, gaz…) :
    • Pour l’électricité, la consommation en kW
    • Pour le gaz, la quantité achetée en kg.
    • Pour les clims et les chambres froides, la puissance frigorifique en kW, le type de gaz frigorigène, le nombre de m² de chambre froide.
  • Les achats de matières premières, de petit matériel, bref de tous les intrants. Vous devrez expliquer :
    • Le type de matière première achetée
    • La quantité
    • L’origine : origine producteur, éventuelle(s) origine(s) de stockage intermédiaire, origine du distributeur. Eh oui, à moins d’acheter directement auprès du producteur, les matières premières transitent souvent à divers endroits et par divers partenaires avant d’arriver jusqu’à nous !
    • Le type de transport (routier, aérien, ferroviaire, maritime, fluvial…) et si possible des modes de précision sur le transport (sur le type de camion par exemple : plutôt un utilitaire ou un semi-remorque ?)
  • Les consommations de déchets : lister les types de déchets générés par votre activité, et pour chacun de ces flux (par exemple le plastique, le carton, le verre, les biodéchets…) être en mesure de les quantifier en kg, litres ou mètres cube.
  • Les distances parcourues par tout ce qu’on achète avant d’arriver jusqu’à nous, donc tous les flux dont on dépend
  • Les distances parcourues par les salariés pour venir travailler et leur moyen de transport
  • La manière dont notre produit est utilisé (le consommateur doit-il le stocker au frais ? utiliser un four pour le cuire ?) et dont sa fin de vie est gérée

Il nous a fallu environ 3 mois pour récolter toutes ces données, et l’intervention de quasiment toutes les personnes de l’entreprise : qualité, achats, logistique, commerce, tout le monde y est passé ! Notre conseil le plus précieux est donc : relevez vos consommations au moins un an avant votre bilan carbone pour vous faciliter grandement la vie le jour J et gagner en précision. Ces relevés sont à faire au fil de l’eau, pour vous éviter une très grosse charge de travail en un seul coup.

À noter que toutes ces données ont été compilées dans un document Excel à destination de Solène, l’ingénieure en charge du calcul de notre Bilan Carbone. Cet Excel lui a servi de base de travail pour convertir nos données d’activités en émissions estimées. Les chiffres qui permettent de convertir les données d’activité en émissions de gaz à effet de serre (exprimées en équivalent CO2) sont appelées des facteurs d’émission. La plupart des facteurs d’émission ont pu être sourcés par Solène sur la base de données Agribalyse (Ademe). Ce travail de conversion de nos données d’activité en émissions de gaz à effet de serre ainsi que la rédaction de notre bilan carbone ont demandé quasiment 3 mois à Solène. L’idée finale est bien sûr de sortir une liste de toutes nos émissions et de voir ce qui est le plus gros poste d’émission, et de faire un classement par importance d’émission. Nous avons également souhaité « traduire » tout ça en un indicateur tout simple : le nombre de kg de CO2 émis pour une bouteille de 1 litre, pour pouvoir nous rendre compte facilement de l’impact d’un produit mais aussi pouvoir nous comparer à nous-mêmes à l’avenir.

 

 

 

Les résultats, et l’après bilan carbone

En ce qui nous concerne, nos 3 plus gros postes d’émission de gaz à effet de serre sont… *roulement de tambours* :

  • Les futurs emballages : 37% de nos émissions. Cela correspond à la prise en compte de la fabrication des matériaux destinés à devenir les emballages et l’intégration des émissions liées à la fin de vie de ces emballages (ils font l’objet d’un traitement distinct des déchets directs et de la fin de vie des produits vendus)
  • Les intrants : 28% de nos émissions. Cela correspond à l’achat de matières premières et bouteilles/bouchons/étiquettes/cartons
  • Les chambres froides et l’utilisation de climatisation : 10% de nos émissions

Il y a bien sûr plein d’autres points d’amélioration, mais il est important de mettre tous nos efforts sur ceux qui ont le plus d’impact.

Face à un tel constat, nous avons dégainé l’un de nos outils favoris : le plan d’action ! Nous avons créé un plan d’action post-bilan carbone afin de lister toutes les actions à mettre en place concernant le verre, les groupes froids et les intrants en priorité pour commencer à s’améliorer sur nos émissions de GES. Nous avons également créé dans la foulée la « team environnement », dont la mission est de s’assurer de la complétion de ce plan d’action. Cette team s’engage également à rédiger un rapport environnemental annuel à destination du reste de l’équipe Lökki. Ce rapport détaille l’ensemble des procédés et des moyens mis en œuvre par Lökki pour limiter son impact environnemental.

Concrètement, pour le moment nous avons avancé sur les chantiers suivants :

  • la mise en place de la consigne (et spoiler alert : ce n’est pas si facile ! On vous renvoie à notre article sur le sujet) ;
  • le changement des groupes froids de nos chambres froides, pour aller vers du propane qui est 500 fois moins émetteur de gaz à effet de serre que notre fluide frigorigène actuel !

Quant à nos consommateurs, nous les informons par le biais de notre rapport de mission, disponible sur notre site internet 😉

Nous nous sommes engagés dans notre politique RSE à réaliser un bilan carbone tous les 4 ans. Rendez-vous donc en 2026 pour notre second bilan carbone, issu de nos données d’activité 2025 !

Quand on aime, on partage !
Article suivant